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Edito 3ème Journée Occitane de Psychomotricité : Emotions et Motricité : Enjeux Théoriques et Cliniques Le samedi 15 novembre 2025, les Instituts de Formation en Psychomotricité de Toulouse et de Montpellier auront le plaisir d’organiser la 3ère Journée Occitane de Psychomotricité, Emotions et Motricité : Enjeux Théoriques et Cliniques. Cette journée sera l'occasion de réfléchir à la relation complexe entre émotions et motricité, et aux implications de cette connexion dans la pratique psychomotrice, tant dans les domaines théoriques que cliniques. --------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Nos émotions, souvent définies comme des réactions physiologiques à des stimuli internes ou externes à l'organisme, entretiennent des liens étroits avec notre motricité, et plus globalement avec nos comportements. Dès l'antiquité, une telle connexion était déjà suggérée par Aristote. On doit à un autre philosophe visionnaire, et totalement en rupture avec la vision dualiste et dominante de son temps - Baruch Spinoza - d'avoir imposé avec brio l'idée selon laquelle les émotions sont des états internes à l'organisme qui influencent directement nos actions. Plus tard, la psychologie, avec William James ou Paul Ekman, mais aussi les travaux de neurophysiologistes comme Charles Sherrington et Walter Cannon, ou encore les travaux de Joseph LeDoux dans le champ de la neurologie, ont contribué de manière significative à l’accumulation de connaissances sans cesse réactualisées. Chez Antonio Damasio, autre illustre chercheur dans le domaine, les émotions influencent la prise de décision et les potentialités d'action qui en découlent. Dans ce cadre, « Les émotions sont des programmes d’action complexes, dont le rôle est d’assurer la survie de l’organisme en adaptant sa réponse aux circonstances environnementales, qu’elles soient physiques ou sociales » (Damasio, 2003). Nous voyons à quel point les implications pratiques de ce point de vue se recoupent avec ce qui constitue l’un des leitmotivs des psychomotriciens, à savoir l’adaptation motrice aux milieux physiques et sociaux (Albaret, 2011). En France, l'intérêt porté aux relations entre émotions et motricité a été incarné par des psychologues emblématiques comme Henri Wallon. Dans les années 1920-1930, l'objectif était en effet de mettre en lumière l’importance de considérer les émotions de l’enfant comme étant indissociables de ses aptitudes motrices et sociales. Cette approche holistique, novatrice à l’époque, a tracé un pont entre des disciplines jusqu’alors cloisonnées, et a posé les bases théoriques et pratiques de la psychomotricité française. Progressivement, les intuitions de certains sont devenues des faits pour beaucoup. Il était par exemple démontré dans les années 1990 que le contrôle postural ne dépend pas uniquement de facteurs physiologiques, mais qu’il est aussi modulé par des variables psychologiques, et émotionnelles en particulier (Adkin et al., 2000; Carpenter et al., 2006). Le contrôle moteur même le plus basique (comme la régulation de la posture) devenait définitivement tributaire - au moins partiellement - des états émotionnels du sujet. Quels autres éclairages la recherche scientifique contemporaine apporte-t-elle sur ces connexions émotions-motricité ? Comment se positionner en regard du domaine pathologique, dans lequel de très nombreux troubles et maladies actualisent des dysfonctionnements émotionnels susceptibles d’interférer avec les capacités motrices et les comportements ? Quelles pratiques psychomotrices sont susceptibles de tirer bénéfice de ces connaissances qui ne cessent de s’accumuler ? Les psychomotriciens jouant un rôle essentiel dans ce vaste champ clinique, comment faire évoluer les pratiques à partir de problématiques théorico-cliniques à réinventer ? Cette journée tentera d'apporter des éléments de réponse à ces questions et vise à enrichir la pratique des cliniciens par une compréhension fine du lien entre affectivité et motricité. Ce rendez-vous proposé conjointement par les deux Instituts de Formation en Psychomotricité d’Occitanie constitue à nouveau une occasion privilégiée d’actualiser ses connaissances dans le domaine, de découvrir des approches cliniques prometteuses, et de faire se rencontrer dans un cadre convivial professionnels et étudiants de la région Occitanie et au-delà, chacun étant le bienvenu ! Venez nombreux ! Références : Adkin, A. L., Frank, J. S., Carpenter, M. G., & Peysar, G. W. (2000). Postural control is scaled to level of postural threat. Gait & Posture, 12(2), 87–93. https://doi.org/10.1016/S0966-6362(00)00057-6 Albaret (2001). Situation de la psychomotricité. In F. Giromini, P. Scialom & J.-M. Albaret (Eds.) : Manuel d’Enseignement de Psychomotricité. Tome 1 Concepts fondamentaux. Paris : De Boeck / Solal. Carpenter, M. G., Adkin, A. L., Brawley, L. R., & Frank, J. S. (2006). Postural, physiological and psychological reactions to challenging balance: Does age make a difference? Age and Ageing, 35(3), 298–303. https://doi.org/10.1093/ageing/afl002 Damasio, A. (2003). Spinoza avait raison. Paris : Odile Jacob.
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